
Arthur Rimbaud
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Jean Nicolas Arthur Rimbaud :
Est un poète français, né le 20 octobre 1854 à
Charleville il meurt le 10 novembre 1891 à
Marseille.
Il écrit ses premiers poèmes à quinze ans. Lui,
pour qui le poète doit être « voyant » et qui
proclame qu'il faut « être absolument moderne »,
renonce subitement à l’écriture à l'âge de vingt
ans.
Le Bateau ivre : est un poème écrit par Arthur
Rimbaud à la fin de l'été 1871, alors qu'il
était âgé de 17 ans. Il est constitué de 25
quatrains d'alexandrins. Il raconte, à la
première personne, un bateau sans maître,
chahuté par les flots, qui finit par couler.
Ma Bohème : sonnet de forme traditionnelle (deux
quatrains suivis de deux tercets) ; écrit en
alexandrins, Rimbaud décrit ses fugues et sa
volonté adolescente de fuir un milieu étouffant
et conformiste..
Voyelles: est un sonnet en alexandrins d’Arthur
Rimbaud, écrit à Paris dans les premiers mois de
18721 et publié seulement le 5 octobre 1883 dans
la revue Lutèce. C'est un des plus célèbres
poèmes de Rimbaud.
Mes coups de cœurs
Sensation
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Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les
sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue,
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, heureux comme avec une femme.
Arthur Rimbaud

Bannières de mai
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Aux branches claires des tilleuls
Meurt un maladif hallali.
Mais des chansons spirituelles
Voltigent parmi les groseilles.
Que notre sang rie en nos veines,
Voici s’enchevêtrer les vignes.
Le ciel est joli comme un ange.
L’azur et l’onde communient.
Je sors. Si un rayon me blesse
Je succomberai sur la mousse.
Qu’on patiente et qu’on s’ennuie
C’est trop simple. Fi de mes peines.
je veux que l’été dramatique
Me lie à son char de fortunes
Que par toi beaucoup, ô Nature,
- Ah moins seul et moins nul ! - je meure.
Au lieu que les Bergers, c’est drôle,
Meurent à peu près par le monde.
Je veux bien que les saisons m’usent.
A toi, Nature, je me rends ;
Et ma faim et toute ma soif.
Et, s’il te plaît, nourris, abreuve.
Rien de rien ne m’illusionne ;
C’est rire aux parents, qu’au soleil,
Mais moi je ne veux rire à rien ;
Et libre soit cette infortune.
Arthur Rimbaud

Le dormeur du val
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C'est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant
comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté
droit.
Arthur Rimbaud

Le Buffet
C'est un large buffet sculpté ; le chêne sombre,
Très vieux, a pris cet air si bon des vieilles
gens ;
Le buffet est ouvert, et verse dans son ombre
Comme un flot de vin vieux, des parfums
engageants ;
Tout plein, c'est un fouillis de vieilles
vieilleries,
De linges odorants et jaunes, de chiffons
De femmes ou d'enfants, de dentelles flétries,
De fichus de grand mère où sont peints des
griffons ;
- C'est là qu'on trouverait les médaillons, les
mèches
De cheveux blancs ou blonds, les portraits, les
fleurs sèches
Dont le parfum se mêle à des parfums de fruits.
- O buffet du vieux temps, tu sais bien des
histoires,
Et tu voudrais conter tes contes, et tu bruis
Quand s'ouvrent lentement tes grandes portes
noires.
Arthur Rimbaud



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